Shipping étape 1: Bôtiluth part du Panama

Quand on parle du Panama, tout de suite on pense au canal, et donc à la formidable voie d’accès et de liaison que celui ci constitue. On pense plaque tournante, hub, liaisons internationales… Ce que l’on sait moins, c’est que l’isthme de Panama est un cul de sac routier: il y a bien une bande de terre qui relie les deux Amériques, mais celle ci est recouverte d’une jungle sans route et tenue par les narcotrafiquants: le Darien. Il manque 50km à la fameuse route panaméricaine qui relie l’Alaska à Ushuaïa….

Nous savions depuis le départ que ce passage serait une des difficultés de notre aventure, nous voilà en plein dedans, et cet article a surtout pour vocation d’apporter un peu de support à ceux qui nous suivent sur les routes! Voici donc la première partie : l’envoi depuis le Panama.

D’abord, puisqu’il n’existe plus de ferry, il faut trouver un bateau pour le véhicule. Pas très simple quand on est un petit particulier, et qu’en plus on n’est pas sur un conteneur classique (on mesure 3m25, c’est trop haut). En synthèse, j’ai du envoyer une grosse vingtaine de mails et demandes de devis etc, pour avoir finalement trois réponses:

  • Compagnie Hoeg, contact Boris: boris_jaramillo@hotmail.com a demandé un complément d’information, et depuis plus aucune nouvelle (ça devait être ses vacances…)
  • Compagnie IVSS, contact par le site : un RORO par mois qui a été annulé pour le mois de janvier, pas de bol !
  • Transitaire « indépendant », Tea: teakalmbach@hotmail.com les avis des autres voyageurs étaient mitigés, mais n’ayant plus tellement le choix, nous sommes passés par elle.

Nous avons donc pris l’option d’un flat rack, un type de conteneur ouvert de 12m de long sur lequel est arrimé le véhicule. Quand on trouve un deuxième véhicule pour partager, ça permet de réduire les frais (2500$ pour le rack complet), malheureusement, ça n’a pas été notre cas.

C’est donc parti pour les démarches de sortie du Panama. Petit détail qui a son importance: pour la plupart des étapes, il est obligatoire d’avoir un pantalon, peu importe la température extérieure, c’est la règle…..

Étape 1 : inspection du véhicule par la DIJ, en liaison avec interpol.

On arrive là à 7h du matin, sachant que l’inspection commence à 8h : nous avons le numéro 18! Nous avons donc patienté plus de deux heures, moteur ouvert pour que l’inspecteur ne risque pas de se bruler (au bout de deux heures, plus trop de risque)… Tout ça pour, montre en main, 20s d’inspection : notre numéro de moteur n’est pas accessible simplement, il s’est contenté de vérifier nos numéros par rapport à ceux inscrits sur le tableau de bord!

Nous repartons de là avec un gros caillou coincé entre les roues arrières, heureusement sorti à temps pour ne pas crever… Moyennant une grosse demie heure d’efforts de Jo dans un faubourg super sympa de Panama!

Etape 2 : Récupération du papier d’attestation de la DIJ.

L’après midi, nous pouvons nous rendre aux bureaux de la police judiciaire pour récupérer le sésame nous permettant de sortir le véhicule du pays. Les bureaux ouvrent à 2h, mais horreur, en arrivant à 1h30, il y a au moins 100 personnes qui attendent devant! Maman s’équipe : casquette, bouteille d’eau, livre, lunettes… On s’embrasse longuement en se souhaitant bonne chance. Mais à 1h50, elle est de retour avec le précieux papier! Ouf, en fait, en arrivant, j’ai demandé à tout hasard à l’un des policiers de l’entrée, qui m’a amenée directement dans une salle climatisée où, en échange de photocopies (passeport, carte grise, importation temporaire au Panama, assurance routière du Panama, le tout x2) j’ai eu droit à mon papier avant l’ouverture officielle!

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Attention: à cette étape comme à peu près à toutes les autres, il faut tout vérifier. Ici, il manquait un chiffre sur mon numéro de passeport.

Étape 3 : Préparation des troupes.

Même si nous ne sommes pas sur un RORO (Roll On/Roll Out) classique, il faut laisser les clefs du camion au port car les manœuvres de montée et descente du flat rack sont effectuées par les dockers. Nous remettons donc la jolie plaque de séparation afin d’isoler la cellule et donc d’éviter une intrusion dans notre maison. Pendant ce temps, chacun se prépare à une semaine en sacs à dos : doudous et brosses à dents, il ne faut rien oublier! Le véhicule doit être déposé au moins deux jours avant la date de départ. Il y a un ou deux jours de traversée et ensuite au moins deux jours de dédouanement. Le gros avantage dans ce sens de traversée, c’est que l’on n’est pas obligés de rester dans le pays jusqu’au dernier jour, ce qui est le cas en Colombie (pour l’inspection des stupéfiants).

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Étape 4 : Validation de la prise en charge par le transporteur

Dans notre cas, c’était la société Seabord (qui s’appelle aussi Sea Cargo), il faut donc trouver leurs bureaux sur le port à Colon. Pas évident malgré les indications reçues de Tea, finalement, un tout petit bureau au bout de l’allée dans le port Manzanillo. Là, ils signent et tamponnent en trois exemplaires les bill of lading que nous avons imprimés nous même (car reçus par mail).

Attention : à cette étape comme à peu près à toutes les autres, il faut tout vérifier. Ici, mon nom de famille était passé de Jounet à Lunet et il manquait une lettre à l’immatriculation de Bôtiluth.

En repartant de la zone, on m’explique qu’il faut aussi que je fasse tamponner dans deux autres guérites, sincèrement, je ne suis pas vraiment convaincue étant donné qu’un seul de mes trois papier a eu ce sort et que ça n’a choqué personne… Bref, le gars m’accompagne, frappe à une guérite nommée « Aduana », donne mon papier qui ressort tamponné. Plus surprenant, il ré-itère l’opération à une guérite nommée « quarantaine ». OK, c’était rapide ça, on ne m’a posé aucune question! Et Bôtiluth est sagement garé au milieu des poids lourds.

Étape 5 : Déclaration de sortie des douanes.

Là, on reprend la route en direction du bureau des douanes… Où on ne peut pas rentrer le véhicule, donc on se gare sur le bord de la route et on rejoint les bureaux à pied.

Celui qui nous intéresse est caché tout au bout, au fond de la cour.

Là, j’ai un peu l’impression de déranger le compte-rendu du weekend, mais, sans se soucier de ma présence, on tamponne mes feuilles, on prend mes photocopies (passeport, carte grise, importation temporaire, assurance, document DIJ x4) et deux exemplaires du bill of lading. Et pour finir, le plus important pour pouvoir moi quitter le pays : on tamponne mon passeport sur lequel il était noté l’importation temporaire du véhicule (puisqu’il est à mon nom).

Attention: à cette étape comme à peu près à toutes les autres, il faut tout vérifier. Ici, mon deuxième prénom devenait Liuce

Étape 6 : Livraison du véhicule à la section RORO du port.

L’opération la plus longue, il y a en fait plusieurs étapes ici. D’abord, je suis rentrée à pied par la guérite pour commencer les démarches:

Guichet 1 : encore la douane, encore un coup de tampon, et un jeu de documents conservé (préparé par la dame du bureau précédent),

Guichet 2 : règlement des 72$ de manutention au port + 1$ de photocopies,

Guichet 3 : papier d’entrée pour démarrer les démarches type RORO,

Ensuite, on rentre le véhicule, sans personne dedans, donc les enfants descendent et vont patienter avec les valises dans la zone d’attente de la guérite… Pendant une heure environ!

Là, on commence par l’inspection sanitaire, par une dame d’abord qui ouvre tous les placards (mais pas le frigo, c’est nouveau ça!), puis par le chien, qui vérifie depuis les culottes des enfants jusqu’au moteur. On est clean, c’est bon, on ferme la cellule!

Viennent ensuite les dockers qui font un état des lieux détaillé du véhicule, photos à l’appui. Ça, ça a plutôt tendance à nous rassurer… Enfin, ça y est, on peut récupérer le document de prise en charge et on est partis, sacs au dos et en taxi, après un dernier au revoir à notre cher « bôbô » qui vient de monter sur son flat rack.

Attention : à cette étape comme à peu près à toutes les autres, il faut tout vérifier. Ici, mon nom est passé de Daphné à Delphine (et là il a fallu que j’insiste pour qu’on me croie!!!)

Et pour la suite du process, récupérer son véhicule en Colombie, c’est ici!

5 commentaires sur “Shipping étape 1: Bôtiluth part du Panama

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  1. Ca, c’est sur, vos petits Loulous sont entrain d’acquérir une expérience extraordinaire des fonctionnaires toutes origines confondues !
    J’ai quelques étapes de retard que je vais rattrapé aujourd’hui par cette journée grisouillarde,venteuse, pluvieuse, idéale pour vous imaginer, sac à dos du plus petit au plus grand pour de nouvelles aventures sans votre cocon à roulettes.
    Honnêtement, je suis vraiment admirative de votre courage, votre patience, votre diplomatie, et votre audace ! Voilà, j’arrête mais je vous assure que ces vertus sont tous choisis avec sincérité.

    Je pense que Anne et Philippe sont rentrés mais je ne les ai pas encore eu au tel. …….il faut qu’on prévoit quelques heures de totale disponibilité Anne et moi pour que je puisse partager pleinement leur enthousiasme et leurs souvenirs.

    Merci pour votre jolie carte de voeux. A mon tour mes meilleurs voeux pour que l’Amérique continue à vous accueillir en toute sécurité et vous révèle ses merveilles.

    De grosses bises à vous tous et un immense merci pour ce voyage fabuleux…par procuration.
    Francine

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